Volume I - Sommaire

Cet été, on pourra feuilleter à toute vitesse R de réel sans pour autant vexer ses rédacteurs ! En haut à droite des pages impaires, un petit âne s’anime en effet sur commande, faisant de R de réel la première revue sérieuse avec «flip-book» (livre animé) intégré. Et si l’on feuillette plus lentement le volume i de R de réel, on lira un numéro au sommaire très varié, dont l’illustration constitue le thème majeur.
Deux articles critiques (Défense (1)... et illustration (2) de l’illustration) s’en prennent à la conception traditionnelle de l’image, parent pauvre du texte, béquille ne servant qu’à aider les enfants qui ne savent pas lire, ou à distraire les adultes incapables de lectures « sérieuses ». Le premier article rappelle que cette incompréhension est ancienne (en témoignent les mots malheureux de Baudelaire sur l’œuvre de l’illustrateur Grandville). Tout texte est pourtant aussi une image, et toute image se lit. Quelques auteurs-dessinateurs contemporains décisifs (Glen Baxter, Paul Cox, Roland Topor) l’ont compris : leur travail repose tout entier sur les jeux induits par la relation texte-image... ce qui ne va pas sans troubler les critiques et libraires, qui ne savent pas sous quelle catégorie les ranger.
Et afin de montrer que les images sont parlantes, la rédaction de R de réel a confié deux de ses rubriques régulières à des dessinateurs (Vincent Vanoli pour le voyage imaginaire, et Guy Delisle pour la salle la moins visitée d’un musée célèbre) et s’est elle-même prise au jeu en réalisant un détournement de comics américains — histoire de se moquer des trop fréquentes apologies à l’emporte-pièce de l’œuvre de Guy Debord.
Dans un tout autre registre, on trouvera dans la partie Imaginaire une interview imaginaire de François Rabelais, qui réagit sur le style et la crudité de la langue de quelques-uns de nos jeunes auteurs contemporains. L’épisode i du roman-feuilleton a quant à lui été écrit par Pierre Senges (auteur de Veuves au maquillage, sorti chez Verticales en septembre 2000).
La partie Savoir propose un article sur l’instruction qui permet de comprendre les sources du débat contemporain sur l’école, et notamment la remise en cause du mot d’ordre de « l’école pour tous » ; et une histoire de l’impôt, notion politique avant d’être économique, qui matérialise le lien social en espèces sonnantes et trébuchantes.
Le Dictionnaire est, comme à son habitude, éclectique : Balzac livre les vrais prix de l’immobilier à Paris, Nabokov transforme les insectes en incestes... La rédaction de R de réel s’en prend quant à elle à l’emploi (médiatique et politique) injustifié de la notion d’insécurité, et défend l’usage décoratif de l’italique dans les textes, après avoir rappelé l’histoire de cette particularité typographique.