TÉLÉ-RÉALITÉ (2)[1]
regardez-la droit dans les yeux
R de réel
Volume O (septembre-octobre 2002)
Critique
(Articles)

NOTES

1. Pour faire suite à « Strip-tease & Big brother », R de réel, volume C (paru un an avant le premier Loft-story). [Retour au texte]

2. Daniel Psenny, « Paysage audiovisuel après séisme », Le Monde, 4 mai 2002. [Retour au texte]

3. « Portrait craché du romancier en administrateur des affaires courantes », R de réel, volume J. [Retour au texte]

4. Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Liber-Raisons d’agir, 1996.  [Retour au texte]

5. Lors d’une conférence au Centre Pompidou, automne 2000.  [Retour au texte]

6. On ne revient pas ici sur le peu de différence qui existe entre ces émissions et les documentaires dits “de qualité” type Strip-tease qui fonctionnent sur le même principe : cf. art.cit.  [Retour au texte]

7. Ces extraits, diffusés sur TF1, montrent une fois encore combien les producteurs et la chaîne mettent ainsi en scène leur propre échec. Cf. infra.  [Retour au texte]

8. L’exemple idéal de cette vision parallèle c’est la scène diffusée notamment au Zapping de Canal + lors du Loft I où les lofteurs écoutaient le résumé de la semaine fait par la production, stupéfaits par la simplification à outrance et les inventions de la chaîne.  [Retour au texte]

9. Là encore, on peut dire que le Loft présente certainement un dispositif plus sain : les caméras sont présentes partout, sauf dans la pièce CSA - il n’y a pas cette possibilité de harceler des gens, de les suivre, de leur mettre une perche sous le nez et un projo dans la figure alors qu’ils sont en train de pleurer.  [Retour au texte]

10. On peut aussi conjecturer que c’est le “ratage” de l’émission qui a poussé la chaîne à accepter cette mise en situation ; si dès la première semaine les célibataires avaient massivement « commis l’irréparable », il y aurait eu peut-être moins besoin de diffuser les moments de révolte des candidats. [Retour au texte]

 

Il n’est pas si désagréable, ce moment où l’on passe de l’autre côté de la barrière. Ce moment où l’élite, tout ce que la France compte de gens bienveillants, vous regarde de travers. Parce que vous avez osé, dire : oui je regarde Koh-Lanta ; ou : Loft-story. Marqué du sceau de l’infâmie. Certains iront même jusqu’à vous traiter de lepéniste : quelques jours après le séisme du 21 avril 2002, un journaliste du Monde se demande si la télévision a fait « le lit de Jean-Marie Le Pen ». Il pose des questions justes et ouvertes (les chaînes de télé « ont-elles multiplié, sans mesure, les reportages alarmistes sur l’insécurité au prétexte que ce thème allait, pensait-on, décider de l’issue du scrutin ? »), et soudain affirme, sans plus de précaution oratoire que « “Loft Story” - dont on nous dit qu’il est le miroir de la réalité de la jeunesse contemporaine -, les “Guignols de l’Info”, en présentant une marionnette somme toute sympathique de Ben Laden, et une caricature efficace de Chirac en “Supermenteur” - mais récupérée ensuite par Le Pen - ont accentué le trouble des esprits au moment même où ils avaient besoin de plus de clarté »[2]. Loft-story = trouble de l’esprit = vote Le Pen, voilà l’équation, l’anathème lancée ; mais au nom de la confusion des valeurs, quelles valeurs défend-on ?



§

On sait l’argument avancé contre la télé-réalité : ce serait un vrai désert culturel. On a souvent entendu de dignes intellectuels expliquer qu’il vaudrait mieux que les gens lisent un livre plutôt que regarder Loft-story. Mais outre le fait que l’un n’empêche pas l’autre, loin s’en faut, on se demande ce que ces doctes personnes trouvent dans un livre : un livre c’est aussi, la plupart du temps, un décalque de la vie. Il faudrait être rigoureux : à Éric Chevillard, qui dit l’inutilité du roman traditionnel (« l’avantage du roman sur la vie, si je comprends bien, tiendrait uniquement dans le fait que les temps morts en sont bannis »[3]) on, donne, sans aucune hésitation, le droit de vouer aux gémonies la télé-réalité : « Le roman aime le psychodrame familial et le mélodrame amoureux - ce que la vie de toute façon nous servira. On peut compter sur elle. À quoi bon dès lors ce destin redoublé par le roman ? » (changer le mot “roman” par le mot “Loft-story”). Mais vous, vous qui pensez que nos chères têtes blondes devraient lire, lire, lire du Balzac et du Dumas et du Hugo, sauriez-vous me dire que le roman ce n’est pas des personnages qui évoluent dans un lieu clos et qui sont confrontés à des trahisons, défis, ennui, amour, haine, etc. Il y a des héros, on s’y attache ; il y a des méchants, on les déteste. Loft-story, c’est la version contemporaine de Rastignac : « à nous deux Paris », voilà ce qu’a dit Loana, et puis Lesly l’année suivante. Koh-Lanta, c’est Les travailleurs de la mer. L’Île de la Tentation, ce serait (si c’était mieux) Les liaisons dangereuses. Vous aimez les romans ? Ne dites pas du mal de la télé. Il est temps de faire comprendre aux intellectuels que l’image, c’est aussi bien que le texte. Il est temps d’admettre que la télé ce n’est pas forcément pire que le cinéma qui n’est pas forcément pire qu’une bande dessinée qui n’est pas forcément pire qu’un roman. Que ces quatre formes d’expression ont chacune leur grands-œuvres et leurs sous-produits.

[Parenthèse. Ce manque de familiarité avec l’image, c’est le même, peu ou prou, que celui de Bourdieu : il a peu été dit combien, dans le petit livre Sur la télévision[4] (qui, en 1996, a donné un nouvel élan à la critique des médias), la notion même de télévision est inexistante. Bourdieu s’attache à démonter ce média dominant en tant que média dominant, mais sans prendre en compte ses caractéristiques propres. Dans les années 1950 la presse était un média dominant, et les fonctionnements de “censure invisible” ou de “dictature de l’audimat” (à l’époque, on disait “dictature des ventes”) décrits dans Sur la télévision existaient tout autant. Dans son ouvrage, Bourdieu ne critique jamais la télévision en tant que média composé d’images et de son - à vrai dire, il fait comme si cela ne comptait pas ; comment ne pas voir là une méfiance envers une forme de communication trop jeune, trop moderne, trop vite devenue centrale dans la société ? Il a fallu le film de Pierre Carles, La sociologie est un sport de combat, film tout à la fois émouvant et fort (cf. la longue scène de fin où Bourdieu affronte une salle remontée et parvient, plus ou moins, à se faire entendre, avant de conclure, en partant : « brûler des voitures, bien sûr, encore faut-il savoir pourquoi ») pour “réconcilier” Bourdieu avec l’image, et montrer que justement, ce n’est pas l’image qui pose problème : c’est ce que l’on en fait ou n’en fait pas.]
 
 

Un désert culturel, on sait ce que c’est : c’est certainement plus Michel Drucker ou Arthur ou n’importe quelle émission de divertissement, quelques vagues invités qui font mollement leur promo, quelques chroniqueurs paresseux, quelques comiques pas drôles - là, oui, on s’ennuie.

Mais la télé-réalité ? Vous avez lu tout Levi-Strauss ? Vous pratiquez souvent Ervin Goffman ? Et Michael Pollak ? Vous êtes ethnologue ? Vous avez pu étudier des groupes sociaux dans un espace clos durant plusieurs semaines ? Moi, je regarde la télé-réalité, et c’est un peu pareil. J’ai vu, dans Koh-Lanta, un groupe décider de brûler les habits et la couche de celle qu’ils venaient d’exclure par leur vote pour exorciser son absence. J’ai vu des stratégies de pouvoir se mettre en place, des sous-groupes se former. J’ai vu un candidat se faire passer pour plus faible qu’il n’était et donc arriver la langue pendante pour se faire accepter dans sa nouvelle tribu. J’ai vu un candidat perdre volontairement une épreuve après avoir monté une alliance pour éliminer un de ses coéquipiers, et voir sa stratégie se retourner contre lui. J’ai vu un homme, dans l’Île de la Tentation, fermer les yeux et se boucher les oreilles devant la vidéo sur la vie de sa compagne. Regarder ces émissions c’est voir, un peu, le monde. C’est regarder comment cela fonctionne, une société : regarder mais sans être impliqué. Sans se sentir obligé, justement, de juger, de décider, si oui ou non, untel est un vrai salaud de lui avoir dit ça et unetelle qu’est-ce qu’elle est lâche. On regarde, ensuite on éteint : c’est comme un livre. On a vécu une histoire avec des gens, mais quand on le ferme, on reste entre soi.

Alors on va me dire que je suis un voyeur. Mais c’est un contresens : François Jost (spécialiste de la représentation des Français sur petit écran) rappelait[5] combien le fait de regarder des émissions comme Loft-Story n’est en rien un acte de voyeurisme. On est voyeur, en effet, lorsqu’on regarde quelque chose qui nous est caché - la télé-réalité, c’est, au contraire, de l’exhibitionnisme : des gens acceptent, voire souhaitent, d’être vus par des millions de téléspectateurs[6]. Ces téléspectateurs ne transgressent rien, ne brisent aucune intimité, car les gens qui se montrent savent qu’ils sont vus. Ce petit point de détail, qui n’a l’air de rien, change toute la donne : les participants ne sont pas, pour la plus grande part, manipulés : ce sont eux qui décident ce qu’ils veulent montrer ou non. Leur marge de manœuvre est réelle : les candidats conservent tous un espace de liberté qui peut même aller à l’encontre du principe de l’émission (cf. le candidat qui refuse de regarder les images). Le cas de l’Île de la Tentation a été, à cet égard, particulièrement éclairant : les participants ont manifestement tout fait pour ne pas céder devant les caméras (lors d’un moment où un garçon met sa main sur le visage d’une fille, celle-ci répond : « attention, il y a la caméra » ; une autre fille évoque un garçon qui aurait dit : « je vous aurais bien fait l’amour à toutes s’il n’y avait pas eu les caméras »[7]). Lors d’un dîner, un candidat fait du pied à une jeune femme, échappant ainsi aux caméras. De même, dans le Loft II, la salle dite « CSA » (i.e. un lieu clos sans caméra aménagé à la demande du CSA) a joué un rôle essentiel pour la stratégie, les coups montés contre la production (William et Julia faisant semblant d’avoir une histoire ensemble), etc. C’était une sorte d’anti-confessionnal, le confessionnal étant le lieu qu’utilisait la production, elle, pour manipuler l’émission (intervention envers tel lofteur, conseils, obligations, etc.).

Cette façon de savoir ou ne pas savoir « gérer » les caméras, on a pu en avoir une autre manifestation dans un champ totalement différent quoique finalement assez proche : lors de la diffusion de Comme un coup de tonnerre, le documentaire de France 2 sur la campagne électorale de Lionel Jospin, Pierre Moscovici a analysé une séquence où on le voit rencontrer avec Jean Glavany (qui est le directeur de campagne, Moscovici étant l’adjoint, chargé de travailler au sein du PS, et de ce fait très peu présent au sein de l’atelier de campagne où se déroule le film) : Glavany lui dit « Il faut qu’on travaille mieux ensemble, tous les deux », ce à quoi Moscovici répond « oui oui, tu sais là j’ai été beaucoup pris par la préparation du projet, mais maintenant je vais avoir plus de temps ». Et Moscovici d’expliquer, après coup, combien il avait été sidéré par le fait que Glavany lui dise ça (c’est-à-dire prenne acte du fait qu’ils avaient du mal à travailler ensemble, ce que la presse disait) devant la caméra : c’est qu’il ne dominait pas la caméra. Pour Glavany, en revanche, elle ne représentait plus rien d’inquiétant ou de dangereux : au mieux il la néglige, au pire il s’en sert stratégiquement pour mettre en accusation Moscovici. Conclusion : si Moscovici est inquiet du pouvoir l’image, Glavany, lui, est à l’étape supérieure ; il est prêt à entrer dans le Loft : la caméra ne peut le desservir, et elle peut éventuellement le servir.
 
 

§

Il ne s’agit pas, bien sûr, de regarder les émissions de télé-réalité sans le moindre esprit critique ; bien au contraire. Mais, plus que n’importe quel type de documentaire, la télé-réalité porte en elle ses propres limites et ses propres défauts. Il suffit de vouloir les voir. Ainsi on parle souvent du montage comme moyen, pour la production, de tricher : il faut en effet se méfier des effets de manche, des trucages du diffuseur. Ainsi sur TF1 le bande-annonce de Koh-Lanta montre un homme disant : « il ne passera pas la journée, je vais l’abattre avant ce soir » ; on croit qu’il parle d’un autre candidat - il s’agit en fait du coq que l’équipe a gagné et qui les a réveillés à l’aube. Mais la plupart du temps il n’est guère difficile de comprendre, en creux, dans ce qu’on ne voit pas, les failles de l’émission. Ainsi, pas besoin d’avoir lu les articles révélant qu’il ne s’était pas passé grand-chose d’explosif durant le tournage de l’Île de la Tentation pour constater à quel point les premières émissions étaient ennuyeuses, répétitives, plates : contre cela, un bon montage ne pourra jamais rien.

En revanche, si l’on regarde avec attention la façon dont Loft-story et l’Île de la Tentation ont été montées, on peut voir deux approches qui reflètent peut-être un positionnement différent des deux chaînes les diffusant (M6 et TF1). Dans le premier cas la production a pris l’habitude de couper tout ce qu’il y avait de plus intéressant : on le sait, non seulement le résumé de M6 mais aussi la version “intégrale” du Loft sur le satellite était systématiquement expurgée des conversations politiques, des joints, des protestations contre la production, etc. : dès qu’il se passait quelque chose d’un peu intéressant mais n’allant pas dans le sens de la production, hop un plan de la piscine vide ou de la porte. Loft-story ii, même dans sa version intégrale sur le satellite, est donc devenue une émission lisse, quasi-insipide : c’est probablement une des raisons, outre le moindre effet de surprise, qui explique la baisse de son audience. L’émission idéale, chimiquement presque pure, ce serait celle qui serait montée en toute liberté par quelqu’un non inféodé à la chaîne et ayant accès à toutes les images, intégrant donc sa propre remise en question : les quelques échappées contre la production de Julia ou de Félicien après leur sortie, cette année, notamment dans l’émission Le loft du samedi soir (moins contrôlée), n’ont été qu’un pâle brouillon de ce que pourrait être une version “pirate” du Loft[8].

À l’inverse, sur TF1, dans l’Île de la tentation, la “rébellion” des sujets filmés contre l’émission sont systématiquement conservés au montage : ces gestes d’humeur sont considérés, en soi, comme des événements et dès lors l’émission a intérêt à les montrer - alors que pourtant ils s’attaquent à son principe même. Un jour, trois des quatre hommes célibataires s’éloignent sur un bateau pour se parler en toute discrétion. Une caméra les suit, un technicien les éclaire[9]. Un des hommes craque alors : « c’est ça ta télé-réalité ? c’est de la merde, c’est de la merde. Et ça, tu vas le passer à la télé ? » Une autre fois, c’est une jeune femme en train de pleurer qui se retourne vers la caméra : « arrêtez de filmer parce que je vais péter une caméra. Respectez au moins la tristesse des autres » (image systématiquement rediffusée dans les résumés des émissions suivantes). Une autre fois encore un candidat décide de récupérer sa femme et de quitter l’île : comme il est grand et musclé, personne, au début, n’ose trop l’en empêcher physiquement. Il se présente dans la partie de l’île où habitent les filles : celles-ci sont parties dîner. Il décide d’attendre ; on voit le caméraman et le perchiste qui sont là, ne sachant trop quoi faire ; arrive alors deux responsables de la production qui tentent, avec une mauvaise foi évidente voire une vraie forme de mépris (« tu n’es pas chez toi, ici, alors tu ne décides pas ce que tu veux ») de le convaincre de revenir au calme. On ne saura pas comment, finalement, ils y parviennent : mais dans le peu qu’on a vu, dans leur façon de parler au candidat de lui, de l’émission (« si tu lui parles, cela veut dire que tu quittes le jeu », chantage minable où l’idée de rester dans l’émission serait plus forte que sa propre volonté), on a pu voir l’envers du décor, on a pu saisir la façon dont sont fabriquées ces émissions - et voir aussi que s’il y a des gens dont on est en droit de critiquer la façon d’être, ce ne sont pas les candidats, mais bien les producteurs.

Reste la question : que TF1 accepte de mettre en scène son fonctionnement interne[10], sa façon d’intervenir dans le jeu ou d’être critiquée par les participants, est-ce rassurant parce qu’on y a accès, qu’on peut voir ces scènes et réfléchir à leur portée, ou est-ce inquiétant parce que cela signifie que la télé se sent toute-puissante et n’a même pas peur de montrer ses dérives ? La réponse ne va pas de soi.
 
 

§

On l’aura compris à la lecture des lignes qui précèdent, toutes les émissions de télé-réalité ne se ressemblent pas, loin s’en faut. C’est ainsi que l’Île de la Tentation est à la fois la moins bien faite et la plus critiquable de toutes. La moins bien faite parce qu’il ne s’y passe quasiment rien (dans un même épisode de 52 minutes, on voit trois fois les rares images-fortes : en pré-générique, en bande-annonce avant la pub, enfin dans le déroulement réel après la pub), qu’elle est morne, mal rythmée, inintéressante. Elle est surtout critiquable dans son infantilisation permanente des candidats (on leur montre des images de leur moitié, et ils doivent répondre comme à l’école : « vous avez vu quoi ? », « comment l’analysez-vous ? », « est-ce que cela vous permet de répondre aux questions que vous vous posiez au début de l’émission ? », question-type systématiquement posée et qui veut faire croire que tout cela sert à quelque chose), et dans son travestissement permanent de la réalité par les commentaires mensongers des images qui prennent parfois une dimension comique (« gestes sensuels » pour une fille qui maquille un garçon, « il succombe à ses charmes » pour une simple conversation, etc.). À l’inverse, une émission comme celle de Koh-Lanta, où la somme finale importe moins que l’aventure, met en scène des relations de groupe animées par un esprit de jeu (relativement) sain - en tout cas, pas pire que celui qui anime deux équipes de foot jouant l’une contre l’autre. Car la télé-réalité c’est ça : un jeu, comme un autre, dont on connaît les règles, qu’on est capable de regarder avec de l’esprit critique (comme on regarde le Tour de France en sachant que les cyclistes sont dopés), qui nous divertit, et puis voilà tout.
 
 

 

Raphaël Meltz.

 

 

 


 
 
 
(c) R de réel et l'auteur, 2002. Tous droits réservés. www.rdereel.org   info@rdereel.org
 

R de réel