Si le célèbre "Faites lamour, pas la guerre" est un plaidoyer pour la paix, il n'a sûrement pas le pouvoir de mettre un terme à une guerre, ni la force de convaincre des guerriers en campagne. En 411 avant J.-C., dans Lysistrata, Aristophane, lui, a imaginé pour les femmes un mot dordre plus efficace : "Pour arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris." Alors quAthènes et Sparte sont en guerre, Lysistrata, belle Athénienne, aussi rusée qu'audacieuse, convainc les femmes de toutes les cités grecques de déclencher et de poursuivre une grève totale du sexe, jusqu'à ce que les hommes reviennent à la raison et cessent le combat. Dans Lysistrata, Aristophane se plaît à mêler les conflits de lÉtat aux détails les plus intimes de la vie quotidienne, résolvant une crise politique des plus graves par la comédie la plus licencieuse, et usant avec bonheur de tous les clichés de la guerre des sexes. Aujourd'hui, Aristophane passe bien souvent pour un auteur vulgaire, et la plupart des traductions de ses comédies tentent datténuer ses inventions audacieuses, ses jeux de mots obscènes, les édulcorant, les reléguant même parfois en notes de bas de page, voire ne les proposant que traduites en latin. Cette traduction nouvelle restitue la vivacité dune pièce dont la justesse et la crudité étonneront bien des lecteurs contemporains. Laetitia Bianchi et Raphaël Meltz sont les fondateurs de la revue R de réel. [Cf. l'article sur Aristophane.] Lætitia Bianchi a publié un roman, Voyez-vous, (Verticales, septembre 2002) ; Raphaël Meltz a publié Lisbonne, voyage imaginaire (avec Nicolas de Crécy, Casterman, 2002). Lysistrata, Arléa, 2003 [cf. le site des éditions Arléa.]
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