PONCTUATION ¿ p (ou) r, q-uo-i ! |
R
de réel Volume P (novembre-décembre 2002) Savoir (Articles) |
1. Enquête et article de Sandrine Caddéo, in {b}.[Retour au texte] 2. Ambrose Bierce, Le Dictionnaire du Diable, 1911, rééd. Rivages, 1989.[Retour au texte] 3. Furetière, Dictionnaire universel, 1690.[Retour au texte] 4. Tout au long de cet article, les crochets en gras [...] indiquent nos coupes au sein des citations.[Retour au texte] 5. Éric Chevillard, in Hi.e.ms, De la ponctuation, n°6-7, hiver 2000-2001 ; et in {c}.[Retour au texte] 6. Laveaux, Dictionnaire des difficultés grammaticales et littéraires, cité in {c}.[Retour au texte] 7. On [qui ?] a appris aux ordinateurs à mettre une majuscule après après un point et en début de phrase, or E.E.Cummings n’est pas son vrai nom : son vrai nom est e.e.cummings : c’est lui qui souhaitait qu’on l’écrive ainsi.[Retour au texte] 8. e.e.cummings, lettre du 11 mars 1935, in Indignes paquets d’expression. Lettres 1899-1962, Mercure de France, 1975.[Retour au texte] 9. Henri Meschonnic, in {c}.[Retour au texte] 10. James Joyce, Finnegans wake, 1939, traduction Phillipe Lavergne.[Retour au texte] 11. Pound | Joyce, Correspondance, Mercure de France, 1970.[Retour au texte] 12. jean-pierre bobillot, le massacre du printemps, derrièrelasalledebains | poésies mécaniques, 2002.[Retour au texte] 13. Sur www/lettres.org/Profs-L-synth/02-arret.htm, un débat sur comment lire les enjambements.[Retour au texte] 14. e.e.cummings, 58+58 poèmes, traduction D.Jon Grossamn, Christian Bourgois.[Retour au texte] 15. Marinetti, Manifeste futuriste, 1913.[Retour au texte] 16. Arno Schmidt, Vaches en demi-deuil (1964), et Tina ou de l’immortalité (1958), traduction Claude Riehl, Tristram, 2000/01.[Retour au texte] 17. Balzac, Les Chouans, introduction à la 1e édition, 1829.[Retour au texte] 18. Baudelaire, Choix de maximes consolantes sur l’amour, 1843.[Retour au texte] 19. Le point d’ironie a été proposé notamment par Alcanter de Brahm (L’ostensoir des ironies, 1899).[Retour au texte] 20. Remy de Gourmont, La Fin de l’art, Les Cahiers de Paris, 1925. [Retour au texte] 21. Rabelais, Gargantua, 1534, rééd. p.o.l., 1992.[Retour au texte] 22. Rabelais, Nouveaux Classiques Hachette, 1977.[Retour au texte] 23. C.E.Gadda, La connaissance de la douleur, 1963.[Retour au texte] 24. Flaubert, lettre à Louise Colet, 21 mai 1853.[Retour au texte] 25. Alphonse Allais, La logique mène à tout [recueil posthume], Horay, 1976.[Retour au texte] 26. Académie d’Aix-Marseille, documents pédagogiques.[Retour au texte]
a. Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française, Gallimard (tel), 1991. b. J.-M.Defays, L.Rosier, F.Tilkin (éd), À qui appartient la ponctuation ?, Actes du colloque de Liège, Duculot, 1997. c. J.Dürrenmatt (éd.), La ponctuation, revue la licorne [UFR Langues Littératures Poitiers], 2000.
Ci-dessous : ponctuation de quelques textes célèbres Un espace indique la présence d’un ou de plusieurs mots entre deux signes. Les signes terminant des phrases sont plus gros et en gras. Le signe ¶ indique un passage à la ligne, ¶¶ indique un saut de ligne. On obtient ainsi une “image” du rythme des phrases, qui ne prend cependant pas en compte la longueur des fragments compris entre deux signes.
& , . : : , . : , : , , , , . , . , , , , , & . , ,& : & & : & : , , , , , . , . , & : , & & . . . ,& . , & , , , , ( ) . , , . , , : , .¶ , , , . , / / / / / / / , . , , , , : , , . ( ) : , , , , , , , . , . & ( ) , , .¶ Rabelais, Gargantua, chapitre I, 1534.
. , , ... . . . . . . , .¶ , , . . , , . . , . : « ! ... !» . ... .¶ , . , . ?¶ , , , .¶ . ... ... , , ...¶ , , ...¶ , , . , ... ... ... ... , . . . ? . ... ... !¶ , . , ... . . . . . , , . . . . . . , , , . . Céline, Mort à crédit, ouverture, 1936.
. . . . , .¶ , . . . , . , .¶ , . . , . , .¶ , . , . , .¶ , . , .¶ , . .¶¶ , . , .¶¶ . , . , . , . , , .¶ , . , , . , . , , .¶¶ , . , , . , .¶ . . .¶ . . .¶ , . . , . , , . , .¶ Régis Jauffret, Clémence Picot, ouverture, 1999.
: ! ! . , . , . , , , . , : . ; . , , ; , . ; . : ; , .¶ . .¶ , , . ; : , , . : ; , , ? ? ? ? ? , ? ? ? ? ? , , ? ? ? ? ? ! ! ; , . , , . . ; , : ; ... : ? , , , , , , , , , , , , , , , : , , , , : « !» Madame de Sévigné, Lettre du 16 mars 1672 , & du 29 novembre 1679.
, , , . . . , . , . , , , , . , , , . , , , , , ; , ; .¶ , , , , , , . , ; ; , , , , , , , .¶ , , , , ? . , , ; ? , . , , , , .¶ . ( ), , . ; , , ; , , ; — , , — , , , . , , , , , , , , , , , , , , , , , .¶ ( ), , , , , ( ); , , , , , . , , , , , , , , , , , , , , , , .¶¶ Proust, Du côté de chez Swann, Combray, I [épisode de la madeleine], 1913.
, ,— ,— . , ,— ,— . — , , , , , . — , , ; . , . , , , ;— , , , , , ,— , — !¶ , , ,— ,— ;—, ? — ; , : !— : ,— .¶ , ; , , , . , . — ; . ; , . , . — ! .¶ ,— ,— , , , . , , . , . , , , , , : « !»¶ , , . , . ,— ,— . . , . , , , . , , , , , , , , . , . , , . — ? .¶ Baudelaire, La Fanfarlo, ouverture, 1847.
, , , , , , , , : , . , , , ( ) : , , , , , , , . , , , , , , , : , , , , , , , , . , , , , , . , , , , , , , , ( ) , ( ) : , , , — — , , , : , , ... , , , , , , , ... : , ... , , , , , , ...¶ , , , . , . . , , , , : . , : , , , ( , , , ) , , , , , , , , : ( ) ( , , ) , ( , : , , , ( : , : , , — — , ) : , , , , , , , — — ); , ( , ) ( , , , ), ( , , , , ), ( ) ( : ) , , : , — : , , ( ), , , — — , — — , , , ( ) , , . Claude Simon, La route des Flandres, ouverture, 1960. |
p ( r-o-l-o-g-u-e )
[débats linguistiques d’enfants de 7
à 8 ans, retranscrits dans le cadre d’une enquête sur la
ponctuation[1]]
Le professeur — alors
les points et les majuscules ça sert à rien
n°3 — mais si
ça sert
n°2 — eh ben
non
n°3 — pour que
ça fasse plus joli
n°2 — à
la fin d’une phrase pour que ça fasse plus joli
. p . o . i . n . t .
« Chiure de mouche. n.
Signe primitif de ponctuation. Il a été très justement
observé par Garvinus que le système de ponctuation
utilisé dans les écrits de nombreuses nations dépend
à l’origine des habitudes sociales et de l’alimentation
des mouches qui infestent ces différents pays. Ces insectes, qui
sont toujours attestés dans le voisinage des auteurs, embellissent
avec générosité ou parcimonie les manuscrits tout au
long de leur composition, et, s’accordant à leurs besoins
naturels, mettent en relief avec une sorte d’instinct
supérieur l’œuvre des écrivains, à leur
insu. »[2] Pourquoi ces crottes de mouche
et ce point que voici : .
Pour qui cette « marque
ronde la plus petite qu’il est possible »[3] que Larousse mesure au XIXe, «le
point typographique correspond à 0,002256 m environ », pour qui ces petites rondeurs menteuses : « Les points d’Imprimerie les plus ronds
paroissent avec le microscope herissez comme des chastaignes. »[3] Pour qui ces châtaignes.
quant à moi c’est très simple autant
le dire d’un trait je ponctue pour autrui cet éventuel lecteur
par compassion humanité pure bonté d’âme
c’est un geste auguste [ ][4] c’est de la prévenance donc et de la
prévention suis-je attentionné car je m’en passerais
volontiers moi de la ponctuation rien que des ambages ces jambages nul
besoin de ces balises pour ma gouverne je mesure ce qu’il me faut de
souffle je pèse mes mots je n’avance rien au hasard tout
s’enchaîne s’engrène impeccablement
s’emboîte même les pires casse-têtes je sais ce que
je dis ce serait plutôt une gêne pour moi dans mes textes la
ponctuation voici le lait devenu soupe aux cheveux voici que je dois me
faufiler entre ces gouttes entre ces ronces[5]
Ponctuation : « Observation
grammaticale des lieux d’un discours où on doit faire
différentes pauses, & qu’on marque avec des points &
petits caractères pour en avertir les lecteurs. » Ainsi c’est pour vous, lecteurs : pour vos beaux
yeux. Pour vous aider, lecteurs, mais aussi pour vous asservir. Attention,
lecteurs ! Ceci est un dernier avertissement ! Vous vous exclamerez
à la demande ! On, vous, dira, de, haleter, et, bêtement,
vous, haleterez. On vous dira de. Vous heurter. Et vous. Vous vous.
Heurterez. On vous dit de retenir votre respiration et vous entrez pour
combien de minutes combien de lignes encore combien de pages en
apnée narrative vous finirez par mourir entre les pages non
ponctuées du Paradis de Sollers et vous grillerez en enfer et comme le disait un
de ces élèves d’environ sept à huit ans à
qui on posait la question de l’utilité de la ponctuation
pourquoi la ponctuation pourquoi
n°2 — parce si
on met pas de signes de ponctuation c’est quand même un peu
risquant parce que des fois par exemple si on lirait deux fois ce texte
sans points la respiration elle se serait arrêtée
Furetière ne disait pas autre chose : le point
doit clore « une petite étendue de
discours qui contient un sens parfait, et qui ne doit pas estre plus longue
que la portée ordinaire de l’haleine »[3], et un dictionnaire du XIXe : «
il faut combiner les besoins des poumons avec les sens partiels »[6]. Les besoins des poumons donc. Les points, virgules et
points-virgules servent à reprendre haleine, et lorsqu’il
n’y en a les blancs sur la page et les passages à la ligne et
la typographie car
un coup de dés
jamais
n’abolira
l’espace { } premier signe
(de ponctuation)
Leblancentrelesmots s’est imposé au
VIIIe siècle : « le grand
Thucydide ne se doutait pas qu’il put séparer les mots les uns
des autres. Alors un scribe inconnu et auquel nul arc de triomphe n’a
jamais été consacré s’avisa de placer un
“blanc” entre chaque mot : il avait inventé le premier
signe de ponctuation. Ici se termine le mot précédent,
là commence le mot suivant, disait ce code. »[a] Jacques
Drillon ajoute : « Autant dire que nul
n’a songé, ni Guillaume Apollinaire, ni les dadaïstes, ni
aucun autre révolutionnaire, récent ou non, à se
passer jamais de ce code. »[a] Drillon
considère ainsi le blanc entre les mots comme un signe de
ponctuation qui, une fois inventé, ne peut être remis en
question — ce qui est une contradiction dans les termes puisque tout signe de ponctuation peut
être renié, modifié, transformé. Cette
affirmation est d’autant plus étonnante que son ouvrage a
été publié en 1991 : si Guillaume Apollinaire [cf. infra] n’a pas aboli
la notion de blanc entre les mots, d’autres l’ont fait
dès les années 1920 — notamment e.e.cummings[7] dans ses
poèmes[8]
meurtres.cris:espoirs;
maisons,nuages.baisers,
e.e.cummings, dès les années vingt, se
bat contre les machines d’imprimerie qui « justifient »,
c’est-à-dire alignent les lettres en « une égalité impeccable et artificielle
— que le soi-disant-monde-en-soi-disant-général
considère hélas comme indispensable. Ah ma parole : il
faudrait que tu voies l’armée de l’Organique marcher
contre le Mécanisme avec des espacements de quelques 10000e de pouce ; il faudrait que tu
me voies discuter pendant deux heures et demi (ou à peu près)
au sujet de la distance qui sépare la dernière lettre
d’un certain mot et la virgule qui suit apparemment cette lettre mais
qui en fait précède le mot précédent en entier »[8], par exemple :
Les belles bottes—oh
écoutez
, pas chères »)
Optimiste, e.e.cummings conclut sa lettre par « Mais quelque chose me dit que nous
réussirons—! » et
n’est-ce déjà pas une réussite que :
ça)Ça va ça
Va venir(nous
[...]
le microscopique Président pithicoïde
en redingote
neuve(grimpant par
tout sur la tribune danse absurdement
&&)&
papote de Paixpaixpaix(et
[...]
du malgré lui illustre solda
-t privé de nom(a-
fin de ne pas déranger [...]
Le président danserait moins sans ces
&&)& se répéterait moins sans ce Paixpaixpaix et le soldat
serait moins mort s’il n’était amputé de son -t et moins anonyme s’il
n’était amputé de son a-
(... L’espace ...)
L’espace est donc un signe de ponctuation comme
un autre : « le blanc est une
ponctuation, sans être un signe écrit. Il en a toutes les
fonctions. »[9] En tant que signe de
ponctuation, il est contestable, au même titre qu’une virgule
ou un guillemet, et donc modifiable à souhait. C’est le fait
que le mot “ponctuation” soit formé sur le mot
“point” qui a entretenu la confusion entre la suppression des
signes de ponctuation « visibles » et la suppression de la
ponctuation : avec Mallarmé (Un coup de
dés, 1897) et Apollinaire (Zone, 1913), « la suppression des signes de ponctuation a
été comprise comme une disparition de la ponctuation, alors
qu’il n’en est rien. L’élimination des signes
conventionnels (virgules, points, etc.) a été
remplacée par un jeu graphique de blancs sur la ligne et sur la
page. Et ce qu’il y a à reconnaître — ce qui a
été reconnu par des poètes, mais pas par des
historiens de la ponctuation — c’est que le blanc est une
ponctuation, et l’une des plus anciennes, autant que l’une des
plus efficaces, à regarder n’importe quelle affiche ou la une
des journaux. »[9] N’oublions donc
pas les mots-valises de Joyce « célescadant
les himalacieux et alentours, hiérarchitecte des hautes septicimes »[10] [« avalanche
d’escrocodiles en porte-à-fesse de sexture en
mot-à-moscille alors qu’un escroc-en-sens de syllabes
anglomerdeuses » comme disait Ezra Pound
le pastichant[11]], le bruit de la chute :
(bababadalgharaghtakamminarronnkonnbronntonnerroonntuonnthunntrovarrhounawnskawntoohoorrdenenthurnuk !)10
... et tous les
héritiers de ces recherches : de Jacques Roubaud et Denis Roche
à l’actuelle « poésie
bruyante » de Jean-Pierre Bobillot :
contribuant à la gloyr du
rhythm&blooes, puisque lesonetlavue, « tout ça, c’est
du signifiant »[12] au même titre
que le sens des mots — (et pêle-mêle Bernard Heidsieck,
Charles Pennequin, Christophe Fiat, Anne-James Chaton, Olivier Cadiot,
Christophe Tarkos, etc.) — et les
poèmes de Saint-John Perse déjà, parce
qu’écrits en italiques étaient différents.
— Oui mais..................
..............tout ça c’est de la
ponctuation de poésie underground diront les sceptiques. Est-ce le passage à la ligne
qui fait le poète ? — puisque les rejets ou enjambements[13] et
les bizarreries typographiques produisent toujours une surprise donc du
sens :
les poèmes à venir sont pour vous pour
moi et ne sont pas pour toutlemonde[14]
Des mauvaises langues de p(oètes) disent aussi
qu’il est plus facile d’être poète à la
ponctuation blanche , puisque le vide laisse ouverts tous les possibles : « Par imagination sans fils j’entends la
liberté absolue des images ou analogies exprimées par des
mots déliés, sans les fils conducteurs de la syntaxe et sans
aucune ponctuation. »[15] — De
même que certains artistes contemporains peuvent sans grand risque
mettre n’importe quoi sous verre, puisque tout peut donner lieu à réfléchir.
Mais on entre là dans des questions de goût, de la
facilité qu’il y a à reproduire les tics des
avants-gardes passées, et de la difficulté qu’il y a
à inventer du nouveau — la prose connaît les mêmes
écueils.
La ,sauterelle; d’e.e.cummings saute mieux. (Ainsi
c’était le flacon qui faisait l’ivresse, le regardeur
qui faisait le tableau, et la ponctuation qui faisait le texte !)
P.Repusseau, le traducteur de cummings, affirme en préface :
« On pourrait dire que cet ouvrage
n’est pas traduit de l’américain, mais du cummings. » — phrase valable pour tous les (bons)
écrivains : ils ne parlent pas la même langue que vous ; ils
vous forcent à apprendre la leur. Tous les vrais lecteurs sont donc
polyglottes — ces langues n’étant d’ailleurs pas
toutes difficiles à apprendre : il est des ponctuations a priori très bizarres
qui s’apprivoisent très rapidement. Par exemple, celle
d’Arno Schmidt[16], l’inventeur du deux-points isolé en
début de paragraphe
: « Ah regardez voir ! » —
et des tirets qui marquent les silences ou les temps
d’hésitation des personnages :
Seul, errer seul dans la
ville nocturne : 21 heures 56 ! : « Pourriez-vous
m’indiquer le chemin le plus court pour rejoindre la Inselstrasse ?
—. —. : Ah merci ! »
Au bout de quelques pages, cette manière de
ponctuer paraît totalement naturelle au lecteur : elle est logique,
rigoureuse et compréhensible dans le fil du récit.
« 226 ? : cinquième étage ».
—. —. —. —. —. : « Voilà »
: « Merci bien ! ». —, —, —, : « Tina
Halein » ! — :
« Oui ? : ! » :
Tina ! — (Je la pris tout de suite dans mes bras, elle, aux cheveux
défaits par le sommeil (s’était allongée une
petite heure, « afin d’être en forme pour toi » ;
elle, courtes flammes noires autour du visage blême). 22 heures 12.
—
Arno Schmidt n’a fait que pousser à
l’extrême une invention plus ancienne, dont Balzac avait
déjà expliqué l’emploi : « L’auteur prévient ici le lecteur qu’il
a essayé d’importer dans notre littérature le petit
artifice typographique par lequel les romanciers anglais expriment certains
accidents du dialogue. Dans la nature, un personnage fait souvent un geste,
il lui échappe un mouvement de physionomie, ou il place un
léger signe de tête entre un mot et un autre de la même
phrase, entre deux phrases ou même deux mots qui ne semblent pas
devoir être séparés. Jusqu’ici ces petites
finesses de conversation avaient été abandonnées
à l’intelligence du lecteur. La ponctuation lui était
d’un faible secours pour deviner les intentions de l’auteur. [...] Ce signe — qui,
chez nous, précède déjà l’interlocution,
a été destiné chez nos voisins à peindre ces
hésitations, ces gestes, ces repos »[17] Baudelaire[C]
s’en servit aussi abondamment (certes de manière plus
elliptique qu’Arno Schmidt), notamment dans ses nouvelles :
Quiconque écrit des maximes aime charger son
caractère ; — les jeunes se griment, — les vieux
s’adonisent. Le monde, ce vaste système de contradictions,
— ayant toute caducité en grande estime, — vite,
charbonnons-nous des rides ; — le sentiment étant
généralement bien porté, enrubannons notre cœur
comme un frontispice. À quoi bon ? — Si vous
n’êtes des hommes vrais, soyez de vrais animaux.[18]
Tristan Corbière, qui à la même
époque se joue aussi des règles établies de la bonne
ponctuation, préfère les tirets semi-cadratins [ceux-ci
– par opposition aux cadratins —] (Le Crapaud, 1873) :
– Ça se tait : Viens, c’est
là, dans l’ombre...
– Un crapaud ! – Pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... – Horreur ! –
... Il chante. – Horreur !! – Horreur
pourquoi ?
Le tiret eut d’autres usages. Pour
séparer les paragraphes de ses lettres, Marcel Proust ne revenait
pas à la ligne, il se contentait d’écrire : .—. « C’était commode car économique »a commente l’historien de la ponctuation .—. Il
est évident que le coup de dés n’est ni commode ni économique car tous ces
blancs coûtent cher en papier .—. Un smiley par contre est commode et
économique, d’où son succès dans les messages
écrits rapidement des sms (textos) et des mails :-)))) six caractères
d’imprimerie pour écrire je suis
très très très très heureux, les bénéfices sont de taille. De fait, les
smileys font partie intégrante de la ponctuation : ils sont des
ellipses de sens, donc des signes. Or, plus il y a de signes de
ponctuations et plus on peut dire de choses en même temps avec
presque rien : d’où la volonté de certains
d’enrichir la langue avec de nouveaux signes — le “point
d’ironie” par exemple[19]. Mais la ponctuation, comme
l’orthographe et la langue, n’appartient à personne :
donc appartient à tout le monde[b]. D’où les
tiraillements habituels entre les défenseurs des normes soi-disant
éternelles, les changements qui agacent (chacun ses goûts),
les changements qui plaisent mais sont aussitôt oubliés.
Généraliser, pour des questions d’esthétique,
les {accolades} comme on a généralise actuellement les
[crochets] et des _tirets_ entre_les_mots, souligner, italiquer, utiliser des symboles
anciens|nouveaux, inverser l‘apostrophe : tout est permis, n’en déplaise
aux manuels de bonne ponctuation. Qu’un changement technique
survienne, que les possibilités informatiques par exemple rendent
plus accessible tel ou tel signe, et ce signe est en passe de faire sens
dans la langue courante. Ainsi « c’est
faute de caractères dans les casses » que les typographes ont peu à peu
généralisé l’emploi des guillements,
remplaçant indigne de l’italique à ses débuts. « On ne sait s’il y a lieu ou non de s’en
attrister »[a], ajoute le linguiste au
désespoir : « Les seuls dialogues
ont connu un nombre incalculable de présentations. Il n’est
pas encore né, le Darwin qui dégagera la loi de cette
évolution — dont la courbe tient à la fois de la
droite, de la spirale et du simple gribouillis. »[a]
Apollinaire, il avait été un grand
amoureux !
« Un point
admiratif [i.e. point d’exclamation] est
celui qui marque qu’il marque qu’il faut admirer, ou se
lamenter »3 disait Furetière ; un
cours actuel de ponctuation précise qu’on le marque « après
une interjection (ah ! allô ! aïe !
bon ! bravo ! diable ! han ! hélas ! minute ! ohé ! parbleu !
pouah ! psst ! youpi ! zut ! etc.) et à
la fin d’une phrase qui commence par une interjection ; par exemple :
Ah ! quelle journée magnifique ! Elle
savait la réponse mais hélas! ne put la dire à temps. » Comme c’est simple et clair ! La disparition de la
ponctuation aurait donc de quoi inquiéter ? « Les nouvelles générations de poètes
et d’artistes s’engagent dans une voie esthétique
où il va être bien difficile de les suivre. À les
considérer, les plus hardis des beaux esprits se sentent
croître des oreilles d’âne, des yeux de cheval et des
âmes de pompiers. Tout ce qu’on a vu en fait de
révolutions dans la littérature et dans l’art, et dont
on nous conte l’histoire, n’est rien en comparaison de celle
qui se prépare et qui est déjà fort avancée.
Que l’on prenne par exemple le dernier volume de Guillaume
Apollinaire. [...] Apollinaire risque de longs poèmes dénués de
ces petits signes qu’on nous a habitués à croire
indispensables et il prouve ainsi leur inutilité, au moins en
poésie »[20]
Apollinaire dans ses poèmes ne
s’exclamait jamais ne s’interrogeait jamais comment faisait-il
alors, pouvez-vous entendre ses interrogations de Mal-Aimé sans
points d’interrogations à la fin des phrases
Comment voulez-vous que j’oublie
plutôt que Comment
voulez-vous que j’oublie ? qui force le
ton, force la main et les murmures. Apollinaire envirgulé, comme il
aurait l’air con ou (du moins baudelairien : Mon beau navire, ô ma Mémoire ! Avons-nous assez
navigué ?) Et l’unique fois
où Apollinaire décida de mettre un point d’exclamation
(Oh ! l’automne l’automne a fait
mourir l’été), que s’était-il passé de si
important. La non-ponctuation d’Apollinaire ne ferait pas que
réduire la polysémie du texte, comme disent les linguistes :
elle effacerait sa base même : sa mélancolie — la
transformant en lyrisme romantique boursouflé. Inversement,
Mallarmé ne serait pas Mallarmé sans ses italiques qui
surlignent et ses majuscules et ses soupirs, la surponctuation (qu’il
abandonna par la suite) d’
Où fuir dans la révolte inutile et
perverse ?
Je suis hanté.
L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur !
Ainsi ce n’est pas le signe qui a du sens :
c’est la différence entre les signes. Une phrase courte fait
mouche chez Proust, une phrase longue chez Beckett. Reponctuer un texte,
c’est le réécrire — ce qu’on a certes le
droit de faire, mais sous son nom propre, pas sous celui de l’auteur.
Personne n’aurait l’idée de reponctuer Zone, ou de publier, sous le
nom de Proust, du nouveau roman : « Longtemps.
Je me suis couché. De bonne heure, parfois. » ou du Céline : « Que
je n’avais pas le temps !... De me dire, je m’endors !... Et
une demi-heure après !... La pensée qu’il était
temps de !... Chercher le sommeil m’éveillait !... Je voulais
poser le volume, que je croyais... Avoir, encore !... Dans les mains ! Et
souffler ma lumière ! »
C’est pourtant ce que font la plupart des
éditeurs actuels pour les textes médiévaux (et sans
doute quelques textes actuels où l’auteur n’a pas eu le
courage de défendre sa ponctuation au même titre que ses
mots), reponctués selon les soi-disant sacro-saintes lois de la
grammaire de l’année en cours.
Laplupartdeséditeursactuels voudraient que l’on ponctue
« classiquement », comme les élèves de CM1 de
l’école Guillaume Apollinaire :
Nous avons appris le mois dernier une de ses
poésies : “Les sapins”. Le poète a
supprimé tous les signes de ponctuation : on a eu un peu de mal
à l’apprendre ! [...] Nous
avons trouvé de nombreux renseignements sur Guillaume Apollinaire.
Des élèves ont rapporté des livres, des dictionnaires,
des encyclopédies... D’autres ont cherché sur l’internet. Cela nous a
intéressés et nous avons demandé au maître de
nous expliquer pourquoi notre école porte le nom du poète. (voir historique de
l’école) Conclusion.
En étudiant la vie d’Apollinaire, nous avons trouvé
qu’il avait été un grand amoureux ! Il a aimé de nombreuses femmes
(Mareye, Annie,
Marie, Louise dite Lou, Madeleine) : il
leur écrivait des poèmes pour leur montrer son amour. Enfin, il épousera
Jacqueline en 1918.
Malheureusement, il
mourra six mois plus tard ! Mais nous sommes quand même contents et fiers que notre
école porte son nom car c’est un poète très
célèbre encore aujourd’hui.
Aberration dont a été victime Rabelais,
dont la superbe ponctuation (rétablie par François Bon[21]),
ponctuation faite (notamment dans les énumérations) de slashs,
de &, et de deux-points, a longtemps été
transformée en phrases bien-comme-il-faut, censément plus
compréhensibles. C’est comme si l’on jouait les notes d’un concerto
de Bach dans le bon ordre, mais avec un rythme différent — ce
qu’on a le droit de faire, mais en précisant qu’il
s’agit d’un palimpseste. Ces changements sont d’autant
plus étonnants que la ponctuation de Rabelais, si elle était
utilisée par un auteur contemporain, ferait couler des tonneaux
d’encres où nageraient les mots
“modernité”, “révolution” (&
même peut-être “jubilatoire”). Prenons
l’épisode où Grandgousier découvre « la merveilleuse intelligence » de son fils à son «
invention d’un torchecul »
Comment cela ? (dit Grantgousier.)
J’ai (répondit Gargantua) par longue &
curieuse expérience inventé un moyen de me torcher le cul, le
plus royal/ le plus seigneurial/ le plus excellent, le plus
expédient, qu’on ait jamais vu.
Reponctué, ce passage devient :
« Comment cela ? dit Grandgousier.
— J’ai découvert, répondit
Gargantua, après de longues et soigneuses recherches, un moyen de me
torcher le cul qui est le plus noble, le meilleur, le plus commode
qu’on ait jamais vu. »[22]
Pourquoi refuser la présentation des
interlocuteurs à l’intérieur de parenthèses, si
agréable à la lecture ? Pourquoi refuser les / qui
accélèrent l’énumération ? De deux choses
l’une : si on reponctue Rabelais, il faut traduire Joyce à
l’attention des débutants, et refuser en bloc la notion de
style. La ponctuation est le style. Ainsi l’usage des deux-points
successifs (très en vogue au Moyen Âge), que l’on
retrouve entre autres, de nos jours, chez Carlo Emilio Gadda :
Glouton, avide de nourritures et de vin : cruel : et
avare, épouvantablement : au point d’aller à pied
jusqu’à la gare du Prado, quand tous les authentiques gens de
bien s’y rendaient en voiture, conduits par le Batta ou le Miguel
Chico, ou bien encore dans leur automobile propre : ou à tout le
moins en autobus.[23]
Ainsi l’usage de la virgule suivie d’une
majuscule, dans l’ouverture de l’Histoire
du siège de Lisbonne de
José Saramago (1989), qui donne au dialogue une souplesse inimitable
pendant près de sept pages,
Le correcteur dit, Oui, ce signe s’appelle un
deleatur, nous l’employons quand nous devons supprimer et effacer, le
terme s’explique de lui-même et s’applique autant
à des lettres isolées qu’à des mots entiers, Il
me fait penser à un serpent qui au moment de se mordre la queue se
serait ravisé, Bien observé, monsieur, vraiment, quel que
soit l’attachement que nous nourrissions pour la vie, il n’est
jusqu’au serpent qui n’hésiterait à s’y
raccrocher pour l’éternité, Dessinez-moi cela, mais
lentement, [...]
et qui donne à la phrase
précédant le point final (qui est aussi un point
“initial”) une force que n’aurait aucune phrase dans un
dialogue ponctué « normalement » :
[...] monsieur, vous
pensez que l’histoire est la vie réelle, Je le pense, Que
l’histoire fut vie réelle, ai-je voulu dire, N’en doutez
pas, Que deviendrions-nous si le deleatur n’existait pas, soupira le
correcteur.
Quant à Flaubert, sans points-virgules, que
deviendrait son style ? L’ouverture de l’Éducation sentimentale tient
dans sa seule ponctuation. La longue description, faite de phrases
subdivisées en virgules et points-virgules, n’existe que pour
aboutir à l’instant précis où
Frédéric découvre le visage de Madame Arnoux. Le coup
de foudre tient tout entier dans la phrase isolée par le passage
à la ligne et le blanc qui suit les deux-points.
Ils causaient debout, ou bien accroupis sur leurs
bagages ; d’autres dormaient dans des coins ; plusieurs mangeaient.
Le pont était sali par des écales de noix, des bouts de
cigares, des pelures de poires, des détritus de charcuterie
apportée dans du papier ; trois ébénistes, en blouse,
stationnaient devant la cantine ; un joueur de harpe en haillons se
reposait, accoudé sur son instrument ; on entendait par intervalles
le bruit du charbon de terre dans le fourneau, un éclat de voix, un
rire ; — et le capitaine, sur la passerelle, marchait d’un
tambour à l’autre, sans s’arrêter.
Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des
Premières, dérangea deux personnes avec leurs chiens.
Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule
[...]
Dans sa correspondance quotidienne, Flaubert est bien
plus banal. C’est des . ? . ? , . , . à n’en plus finir,
comme dans n’importe quelle correspondance bâtie sur le
modèle : et toi ça va ? moi
ça va. J’ai fais ci, j’ai fait ça. Quel ennui !
Mais bon, etc. On le surprend même
à ponctuer avec entrain :
Sais-tu que tu m’as écrit deux lettres
charmantes, superbes et avec qui j’ai eu (comme le père
Babinet avec sa femme délicieuse) « le plus grand plaisir » ???[24]
D’ordinaire, les écrivains comme il
faut italiquent bien les mots importants, soulignent à l’occasion. Le !?? paraît familier,
malpoli, réservé à un emploi humoristique...
— Si quelqu’un
ici veut que je tombe raide mort, il n’a qu’à me parler
de cette question. Elle me rappelle la plus effroyable période de ma
vie...
— !!!???...!!! nous écriâmes-nous
simultanément.[25]
...ou à la bande dessinée :
n°3 — parce que
dans la bande dessinée Tintin il y a une fois où il y avait
Tintin il mettait une bombe une bombe atomique et alors Tintin il a un
cheval il est dans le désert il craint et tout à coup la
bombe atomique elle explose et
Professeur — et
alors il y a un point d’exclamation là
n°3 — ben oui
ils mettent toujours ça
« un matin le premier jour de
l’été un autocar s’arrête »
n°1 — ah oui stop stop après un
matin il faut mettre un point
n°2 — moi j’en mets pas
n°3 — moi je mets pas de point là
Le professeur — tu veux pas mettre un point
Marc
n°3 — parce que là il faut pas le
mettre là
n°2 — parce que un matin c’est un mot
c’est pas une phrase
n°1 — un matin un matin c’est une
petite phrase
n°2 — et qu’est-ce que tu veux
c’est pas une phrase ça
n°1 — mais c’est une petite
[encore un qui va finir
chez Minuit]
Le style d’un écrivain, ce n’est
pas seulement ce qu’il dit : c’est sa ponctuation : sa voix. Que la ponctuation soit
un phénomène de l’écrit « a masqué l’oralité du langage, comme
si l’écrit annulait l’oralité, au lieu d’en
être le représentant visuel », dit Meschonnic[c]. Or la ponctuation évolue aussi vite que
les accents de la langue : « La
ponctuation est la part visible de l’oralité »[c]. Qu’est-ce qu’ils ont tous dans les films des
années soixante à faire traîner leurs phrases ? Ils ne
parlaient pas comme nous : alors pourquoi ponctuerait-on comme eux ? La
ponctuation est une convention spatiale et temporelle. « Les Allemands se plaisent par exemple à certaine
invective, et lorsqu’ils vous écrivent, placent un point
d’exclamation après votre nom ; alors qu’à cette
effrayante apostrophe nous préférons une douce virgule. Les
Espagnols, lorsqu’ils s’interrogent, vous préviennent
avec courtoisie : ils retournent drôlement un point
d’interrogation et l’installent au début de la phrase. »
Cher Ami ! ¿ N’ont-ils pas raison
? ¿ Comment, jamais vous ne pensez qu’il n’y a pas de
doute ? « Rôle plus
esthétique que grammatical, on pourrait presque parler de mise en
page »a, ajoute le linguiste.
Esthétique ou grammatical ? L’image ou le texte ? Mais [notre
vieille rengaine :] le texte est une image : La Terre a l’air si
sotte, drapée dans son Manteau Grandiloquent.
La Terre La terre ! La terre Laterre
la,terre l’aterre
ces mots n’ont pas le même sens : ce
n’est pas de l’esthétique c’est de la grammaire,
car l’esthétique porte la grammaire. Une virgule de trop peut
bouleverser :
il n’est pas bon de voir qu’il pleut,
n’est-ce pas, cher père, oh non cher père je,
t’aime, beaucoup.8
é / p / ilogue
Test de connaissances littéraires à
l’attention d’élèves de première[26] :
1. Situez chronologiquement Apollinaire. [...]
5. Rétablissez la ponctuation et les majuscules
qui ne se souvient de ce mot de victor hugo porteur de
toute la générosité du XIXe siècle ouvrez
des écoles vous fermerez des prisons la déconvenue a
été sévère pourtant il ne viendrait à
personne l’idée de regretter ni de remettre en cause
l’option fondamentale prise alors la généralisation et
la prolongation de la scolarité sont facteurs de progrès pour
la collectivité et garantie de justice entre les hommes mais pour
certains enfants la prolongation de la scolarité s’est
accompagnée d’une sorte de désocialisation ses formes
sont la passivité l’absentéisme le vandalisme et
parfois les conduites d’auto-destruction
À la fin on est las de ce monde ancien
— (un peu).
, Laetitia ‘(Bianchi.
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