CRITIQUE DE LA CRITIQUE
À propos de la sortie de
Je m'en vais de Jean Echenoz
R de réel
Volume B (février-mars 2000)
Critique
(Articles)

Il existe une suite à cet article, paru dans le volume C de R de réel.

N O T E S

1. À la manière de certains cinéastes à l’automne 1999. Retour au texte

2. Ces critiques ont été réunies par Les Éditions de Minuit dans leur supplément « Parutions d’octobre et de novembre », disponible en librairies l’automne dernier. Voici la liste de ces articles, suivis de l’abréviation auquel notre texte fera référence : Libération, Jean-Baptiste Harang (ainsi qu’une interview d’Echenoz), 16.IX.1999 (Li), Le Monde, Pierre Lepape, 17.IX.1999 (LM), L’Express, Daniel Rondeau, 23.IX.1999 (Ex), Le Figaro, Patrick Grainville, 24.IX.1999 (Fi), La Quinzaine littéraire, Tiphaine Samoyault, 16-30.IX.1999 (QL), Le Magazine littéraire, Marie-Laure Delorme, octobre 1999, (ML), Le Figaro Magazine, François Nourissier, 2.X.1999 (FM). Retour au texte

3. Ce renvoi au roman policier à propos de l’œuvre d’Echenoz, même si les critiques considèrent que l’auteur transcende le genre, est agaçant voire — quand on sait le peu d’estime dans lequel le polar est tenu en France — méprisant. Une des meilleures critiques de notre liste, Tiphaine Samoyault (QL) ne peut ainsi s’empêcher d’expliquer — assez justement d’ailleurs — comment « la narration déconstruit le roman policier ». Mais qui a parlé de roman policier ? En tout cas pas Echenoz qui déclare à Libération : « Non je ne pense pas écrire de roman policier ». Coller un genre à un roman, c’est automatiquement le déprécier, puisqu’il n’est plus comparé aux romans en général, mais aux autres romans du même genre. Retour au texte

4. Un théorème que je soumets ici voudrait qu’il ne puisse y avoir Goncourt s’il n’y a pas, dans le roman visant la distinction suprême, un voyage riche en aventures, que ce voyage prenne une forme géographique (le fameux « exotisme » dont parle Nourissier) ou historique. Que ceux qui veulent s’amuser à vérifier consultent la liste des derniers Goncourt : Confidences pour confidences, Paule Constant (98), Le chasseur zéro, Pascale Rozé (96), La Bataille, Patrick Rambaud (97), Le testament français, Andrei Makine (95), Un aller simple, Didier Van Cauwelaert (94), Le rocher de Tanios, Amin Maalouf (93), Texaco, Patrick Chamoiseau (92). C’est devenu banal de le dire, mais l’Académie Goncourt ne peut se permettre de couronner un livre qui ne serait pas un succès populaire, de peur de perdre sa réputation, d’où l’importance du « voyage riche en aventures » qui va plaire au public, et auquel il faut — parfois — ajouter une touche de littérature, de peur d’être démasqué. Retour au texte

5. Club de livres qui propose, à prix réduit, les meilleures ventes. Retour au texte

6. Céline a raté de peu le Goncourt en 1932 ; Voyage au bout de la nuit a obtenu le Renaudot. Retour au texte

7. Pour en finir avec le résumé du roman, notons les différences d’interprétation concernant la vie sentimentale du héros : « On les comprend [les femmes de Je m’en vais] de ne pas offrir un cœur trop accueillant à ce galeriste sympathique et miteux, même s’il s’en trouve une ou deux pour s’accrocher. » (Ex) contre « Ferrer campe un quidam assez grandiose, côté femmes. Il excelle. Il ouvre le bec. Elles tombent » (Fi). On ne s’interrogera pas ici sur les raisons qui poussent ces deux critiques masculins quinquagénaires à donner une version opposée du potentiel de séduction du héros ; preuve s’il en est que non contents d’être inutiles, les résumés ne sont pas fiables. Retour au texte

8. Comment ne pas imaginer le rigoureux éditeur d’Echenoz, Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, ouvrant le Figaro Magazine du 2 octobre, lisant cette navrante critique de Nourissier, et ne pouvant s’empêcher de se frotter les mains, « chouette on a une chance pour le Goncourt »... Personne ne dit du mal de François Nourissier, surtout pas de ses livres, encore moins de ses critiques : la grande majorité des critiques littéraires sont eux-mêmes des auteurs — et se fâcher avec le président de l’Académie Goncourt (qui détient une voix primordiale en cas d’égalité), ce n’est pas bien malin. Retour au texte
 
 
 

Il est plus facile de critiquer en mal que de critiquer en bien : en cela cet article est plus facile à écrire que les articles qu’il critique, qui critiquent eux-mêmes en bien un livre sur lequel cet article ne fera pas de critique !

Critiquer la critique, ce n’est pas refuser que des propos négatifs soient tenus envers une œuvre(1). Critiquer la critique, c’est critiquer les mauvais propos positifs tenus en faveur d’une œuvre.

À titre d’exemple, penchons-nous sur les mauvaises « bonnes critiques » d’un bon livre, Je m’en vais de Jean Echenoz. De ce roman en tant que tel il ne sera donc pas question ici. Il ne sera question que du tableau d’un milieu littéraire paresseux et souvent bien peu préoccupé de littérature.

En septembre 1999, Je m’en vais n’a pas encore eu le prix Goncourt. Dans la rentrée éditoriale, c’est le second roman-phare — après L’Inceste de Christine Angot — et les journaux, dans un beau tir groupé, en rendent compte à partir du milieu du mois : le même jour pour Le Monde, Libération et La Quinzaine littéraire, la semaine suivante pour L’Express et Le Figaro, la suivante pour Le Figaro Magazine et Le Magazine littéraire — voilà dressée la liste des sept articles dont nous souhaitons parler(2). Il va de soi qu’il ne s’agit pas ici de viser tel ou tel critique, mais plutôt telles ou telles habitudes, partagées par bien des critiques.

Circonstances aggravantes pour les articles que l’on va étudier : ils sont longs. On imagine les responsables des pages Livres des journaux respectifs dire chacun à leur critique : vas-y, tu as une page pour le Echenoz.

Or dans cette page que trouve-t-on ? Un texte construit peu ou prou sur le modèle suivant :

— Petite introduction sur Echenoz, petite accroche qui montre que le critique connaît bien l’œuvre de l’auteur, « C’est le romancier de la fuite. » (ML), « Ça circule. » (QL), « Le précédent roman de Jean Echenoz s’appelait Un an. » (LM), ou qu’il est capable, en peu de mots, de donner envie de lire son nouvel ouvrage : « Voici une lecture de bout en bout prenante et désopilante. » (FM),  « Comme souvent dans le roman contemporain, le résumé de l’intrigue donne une faible idée de l’affaire. » Dès cette première phrase, on est face à un modèle qui fonctionne pour n’importe quel auteur : « C’est le romancier de la société d’aujourd’hui. », « Ça souffre », « Voici une lecture de bout en bout prenante et désespérante », « Le précédent roman de Michel Houellebecq s’appelait Extension du domaine de la lutte. », « Comme souvent dans le roman contemporain, le résumé de l’intrigue donne une faible idée de l’affaire. » (palme de la phrase passe-partout).

— Description de l’histoire, puisqu’il faut bien s’y atteler, même si « le résumé donne une faible idée de l’affaire ». Le roman d’Echenoz propose une « intrigue de polar(3), d’escroquerie, d’exotisme, avec galeriste très au goût du jour » (François Nourissier, FM). Notons au passage que cette définition convient à merveille à un type de roman que l’on pourrait qualifier de « goncourable » or, cela tombe bien, François Nourissier dirige l’Académie du même nom(4). « En filigrane du roman d’aventure, Jean Echenoz dresse un tableau cocasse du milieu de l’art » (Fi) — la phrase est en intertitre au milieu de la page du Figaro, est-ce donc la chose la plus importantedans le roman de Jean Echenoz, le fait qu’il dresse un tableau cocasse du milieu de l’art ? « Un quinquagénaire léger, cynique et traversant l’existence avec une désinvolture libertine — il tient une galerie d’art contemporain, c’est tout dire » (LM), et c’est tout dire en effet. Ces résumés qui veulent à tout prix raconter l’intrigue, à quoi servent-ils ? Le lecteur qui n’a pas lu le livre va-t-il l’acheter parce qu’on lui dit que ça raconte l’histoire d’un galeriste parisien qui part au pôle nord ? Si c’est le cas, ou plutôt si les critiques pensent que c’est le cas, ils feraient mieux de renoncer au métier de critique littéraire d’un journal de qualité, et de concevoir des slogans publicitaires pour France-Loisirs(5). Le nœud du problème est là : ce n’est pas que les critiques ne perçoivent pas la qualité littéraire du texte d’Echenoz, c’est qu’ils se considèrent en mission pour sauver la littérature et faire croire aux lecteurs supposés fatigués que la littérature est distrayante. Voyage au bout de la nuit, quelqu’un vous a-t-il déjà fait croire que c’était distrayant ? Et pourtant il y a matière à distraction : une guerre, un voyage aux Etats-Unis, de l’amour, un meurtre, tout ce qu’il faut pour un Goncourt, non(6) ? Malgré cela, aujourd’hui, personne de sérieux n’écrirait : « En filigrane du roman de guerre, L.-F. Céline dresse un tableau cocasse du milieu de la médecine populaire ». Mais pour Echenoz, les critiques ne peuvent s’empêcher de croire que, pour que les gens aient envie de lire, il faut qu’il y ait de l’aventure. Ensuite, peut-être pourra-t-on parler littérature. Sauf que... Dans l’article de Pierre Lepape, plusieurs paragraphes sont consacrés au récit de l’intrigue, à la présentation des personnages, avec des phrases aussi essentielles que : « Félix décide d’aller voir ailleurs, plus loin, beaucoup plus loin. À la recherche d’un Graal assez dérisoire, un trésor archéologique, une cargaison d’objets d’art paléobaleiniers, reposant depuis un demi-siècle dans les cales d’un bateau échoué sur une banquise près d’un cercle polaire. Chaque époque a les Graals qu’elle peut. » Un peu plus loin, alors qu’il est aux deux-tiers de son texte, le critique écrit : « [...] l’efficacité narrative de Jean Echenoz est à son sommet. Il est assez difficile d’expliquer de quoi elle est faite, tant le rythme qu’impose Echenoz et l’adhésion spontanée qu’il suscite se prêtent mal aux lenteurs de l’analyse. » Autrement dit : je n’ai pas la place pour vous dire ici pourquoi ce livre est bien, en revanche je vais bien vous raconter quels objets archéologiques Felix Ferrer va chercher. Une autre critique nous prévient : « Il y a des scènes drôlissimes (le maniement du goupillon durant un enterrement) et des scènes éprouvantes (une auto-stoppeuse fait jaillir, en un dur éclat, la réalité du quotidien). » (ML) Il nous faut donc nous résigner : un roman, c’est une succession de scènes, certaines sont drôlissimes, d’autres éprouvantes. Juger un livre de cette façon, c’est exactement comme si on n’analysait, dans un film, que le scénario, que l’histoire qui est racontée : il y a des scènes drôles, il y a des scènes dures(7).

— Analyse de la vision du monde. « Echenoz porte sur ce monde contemporain qu’il décrit un regard critique radical. Un monde glacial, aseptisé, superficiel, déjà virtuel. » (LM)  « Chaque époque s’invente son maître mot. Pour la fin des années 90, les marchands d’art et d’épicerie ont choisi : ethnique. On est toujours l’ethnique de quelqu’un, comme le constate le galeriste de Je m’en vais. » (Ex) On passe insensiblement, dans ce commentaire, du regard de l’auteur au regard du critique. Ailleurs : « Les sujets traités, lieux visités, peintures d’atmosphères, portraits abondent. Voilà les comédies de l’art moderne, la fatuité des plasticiens, le cynisme des marchands ; [...] voici l’ennui d’être clandestin, traqué solitaire. » (FM) Ce même article, un peu plus haut, nous expliquait qu’il voulait « donner une idée du « regard que pose l’écrivain sur le monde » — pour parler noblement. » Après plusieurs relectures, le sens de ces italiques et de cette précision (« parler noblement ») restent toujours incompréhensibles. Au risque de se répéter, est-ce vraiment l’essentiel, le « regard critique » d’Echenoz sur le monde de l’art et la « fatuité des plasticiens », sur les « Graals » de notre époque ? Tout se passe comme si les critiques actuels — de peur d’être taxés d’élitistes, de littéraires, ce qui serait, sans aucun doute, terrible — s’ingéniaient à trouver dans chaque roman important de vastes et profondes réflexions sur le monde, monde qui se restreindrait aux baleiniers, aux galeries d’art et aux cambriolages.

— L’écriture d’Echenoz. Certes les critiques en parlent ; après un long travail d’analyse, voilà leurs conclusions : « Quant à l’écriture, maîtrisée jusque dans ses recoins les plus intimes, elle dévale magnifiquement les pentes verglacées de la vie » (ML). Ou encore : « On remarquera l’absence dans Je m’en vais de ces phrases et de ces paragraphes de remplissage dont Kundera parle dans son Art de roman comme d’une sorte de fatalité esthétique [...] Chez Echenoz, chaque phrase compte. » On connaît beaucoup de professeurs de français de première qui ne supporteraient pas dans une dissertation un tel lieu commun et une telle utilisation des références : est-il vraiment besoin de convoquer Kundera pour expliquer que chez Echenoz, tout le texte — et pas seulement les « scènes drôlissimes » — est travaillé ?

Si d’aventure, un critique se met à écrire quelques lignes à propos du texte lui-même — c’est le cas de Jean-Baptiste Harang (Li) qui analyse l’utilisation des pronoms (le « je » du narrateur, le « nous » qui englobe soudainement les lecteurs) et de Tiphaine Samoyault (QL) qui décrit la « permutation des signes » dans l’écriture d’Echenoz —, cela se remarque forcément, puisque soudain les citations abondent. Dans les articles critiques, l’usage des citations est très diversifié, du critique capable de ne citer aucune ligne (Fi, FL) à ceux qui s’appuient sur le texte pour tenter de l’analyser (les deux cas cités plus haut), en passant par ceux qui citent, comme ça, une fois un paragraphe, juste pour montrer (ML), ou ceux qui citent au petit bonheur la chance (LM). Arrêtons-nous sur ce dernier cas, celui d’une citation utilisée pour faire un bon mot, à propos de l’énumération par Echenoz de la « “collection de crânes aux bouches colmatées par des rails d’obsidienne, aux orbites obturées par des boules d’ivoire de morse incrustées de pupilles de jais.” La mort est un commerce. » Merci pour la sentence, mais tout cela a très peu à voir avec le livre d’Echenoz — et cette citation est loin d’être représentative du style de l’auteur.

— Auto-glorifiaction. Si l’on est un critique connu, si l’on a plus de cinquante ans, ne pas hésiter à parler de soi et à mettre en avant ses commentaires : « Il y a du sociologue chez Echenoz. Je dis cela sans penser à mal. » (Ex, Daniel Rondeau). « Je le répète : Je m’en vais est un texte gai, vif, moqueur — vertus difficiles à pratiquer » (FM) (si c’est François Nourissier, qui dirige l’Académie Goncourt, qui le dit, ce doit être vrai(8)) Ce même François Nourissier délivre un « Premier prix de narration » (sic) à Echenoz. Le critique littéraire se fait pape de la littérature, qui distribue bons et mauvais points, jugements magnanimes et punitions.

— Conclusion : les critiques hésitent entre deux façons de conclure.

Premier choix, prendre un motif du livre, le lier à l’œuvre d’Echenoz, et conclure d’une formule toute faite qui n’en a pas l’air. « Dans Je m’en vais, il y a ces pages où Felix Ferrer voyage sur un brise-glace [...] Chacun des romans de Jean Echenoz est de la glace à briser. [...] Mais ne le voit-on pas ? Ses livres sont enfants du silence et de la pudeur. Ils ne se prêtent pas, aussi facilement que l’on ne le croit, aux applaudissements à tout rompre. » (ML) « Il y a du sociologue chez Echenoz. [...] Il sait que la vérité de l’homme se cache aussi dans les objets et ses habitudes (lire page 120 le récit d’un amour de rencontre contrarié par un Babyphone). [...] Le réel est un matériau que le romancier méprise suffisamment pour s’en évader et pour le juger, en moraliste qu’il a toujours été, malgré la légèreté de sa plume. » (Ex)

Second choix, lancer une habile comparaison, si possible inattendue : « Dans les traités de théologie médiévaux, dans le vedânta des Indes et chez Wittgenstein, il est souvent question de la méthode apophatique. C’est une manière d’approcher à la connaissance de d’un objet [...] par négations successives. [...] Echenoz a mis au point un apophatisme de la littérature. » (LM) « Dans un film de 1973 intitulé F. for fake et qui raconte plusieurs histoires de faussaires, Orson Welles conclut : « l’art est un mensonge qui fait comprendre la réalité. » Par une écriture constamment en trompe-l’œil, Jean Echenoz [...] » (QL).

Ces deux choix se résument à une seule pratique : se mettre soi-même en valeur à la place du texte commenté. C’est à cela que les critiques considèrent servir.

§

À quoi servent les critiques ? À rien. À informer de la sortie du livre.

Il y a un mot qu’on n’a pas utilisé jusqu’ici : malgré l’étiquette qu’ils se donnent, ceux qui écrivent de tels articles sont des journalistes et non des critiques. Peut-on arguer du fait que, parce qu’ils travaillent dans la presse quotidienne ou hebdomadaire, ces journalistes n’ont pas l’espace pour prendre le temps d’écrire un texte plus fouillé, plus recherché, plus intéressé par la littérature ? On a pris l’exemple de Pierre Lepape qui dans son « feuilleton » du Monde se plaint de manquer de temps, mais utilise ses paragraphes pour parler de Balzac ou de l’intrigue de Je m’en vais. Son texte fait environ 1600 mots, soit — pour donner un ordre de grandeur — plus de la moitié de notre article. Largement de quoi parler de littérature. Alors tentons une autre hypothèse : ces critiques, dont c’est après tout le métier, sont las de chaque semaine faire leurs six feuillets sur un nouveau roman. Alors ils écrivent ce qui les amuse, ils écrivent pour eux ; étant souvent romanciers ou essayistes « renommés », ils font parler d’eux, ils montrent qu’écrire avec habileté d’un autre écrivain, ils savent le faire. Ils oublient que ce n’est pas leur habileté qui compte mais la finesse et la sincérité de leur jugement littéraire.

On entend souvent dire que notre société n’a pas de grands écrivains, de figures-phares de la littérature. Débat toujours difficile à trancher. Sans aucun doute notre société manque de grands critiques, qui auraient une haute opinion de leur travail, juger, analyser, expliquer, démontrer et pas seulement décrire.

Raphaël Meltz

À cet article, rajouter quelques lignes qui racontent lorsque, venant de finir Je m’en vais, j’ai pris le petit dossier de presse, lu avec plaisir l’interview d’Echenoz dans Libération, et puis tout à coup, en lisant ces critiques, la gêne qui m’envahissait, j’étais encore dans la légèreté, dans l’intelligence, dans l’insolence du texte d’Echenoz, et je l’imaginais avec ces articles sélectionnés par l’attaché de presse de chez Minuit, croyant lui faire plaisir —  des « bonnes » critiques ! — et lui peut-être (mais peut-être seulement car il se peut qu’il soit cynique comme son écriture) souffrant de toute cette bêtise.

 

(c) L'auteur & R de réel 2000. Reproduction interdite.    

R de réel